Syndrome fibromyalgique

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Enfant
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Mise à jour
Mai
2024

Tableau 1 - Diagnostic
Diagnostic
Généralités
  • Le syndrome fibromyalgique (ou “fibromyalgie”) est une pathologie chronique dont l’hypothèse physiopathologique principale est une origine dysfonctionnelle avec phénomène de sensibilisation centrale à la douleur,
  • Il répond au modèle bio-psycho-social et peut s’intégrer dans un trouble à symptomatologie somatique (ex-”trouble somatoforme”, voir fiche).
  • Maladie fréquente (presque 2% de la population), dont le diagnostic peut être réalisé par le médecin généraliste ou un médecin spécialiste,
  • Le diagnostic ne se limite pas aux points fibromyalgiques décrits historiquement (actuellement remplacés par les zones douloureuses),
  • La fibromyalgie n’est plus considérée comme un diagnostic d’élimination et il faut limiter les examens complémentaires en l’absence de signe objectif clinique et de systématisation neurologique,
  • La plupart des fibromyalgies ne relèvent pas d’une prise en charge en centre d’évaluation et de traitement de la douleur.
Clinique
Terrain
  • Prédominance féminine (8-9 personnes pour 10),
  • Âge moyen (souvent entre 30 et 55 ans),
  • Association possible à un rhumatisme inflammatoire chronique (notamment spondyloarthrite) ou une connectivite,
  • Facteurs prédisposants et d’entretien :
    • Faible flexibilité émotionnelle, comportementale et cognitive,
    • Traumatisme physique ou psychique :
      • Antécédent de traumatisme physique ou psychique dans l’enfance (retrouvé dans environ ⅓ des cas),
      • Traumatisme ou stress émotionnel récent,
      • +/- État de stress post-traumatique,
    • Antécédent familial de fibromyalgie,
    • Trouble bipolaire,
    • Abus de substance,
    • Facteurs émotionnels et affectifs à rechercher systématiquement :
      • Alexithymie (difficultés à ressentir des émotions et à les exprimer),
      • Symptômes anxieux ou dépressifs (échelle HAD),
      • Authentique trouble anxieux (voir fiche) : attaque de panique, trouble panique, trouble obsessionnel compulsif,
    • Facteurs comportementaux :
      • Algophobie, kinésiophobie,
      • Coping passif (ou évitement),
      • Hyperactivité voire ergomanie (workaholisme),
      • Réponse réactionnelle sans stratégie d’anticipation (comportement impulsif),
      • Réactions de stress,
    • Facteurs cognitifs :
      • Fausses croyances et inférence arbitraire (conclusions hâtives et négatives sans preuve),
      • Catastrophisme,
      • Abstraction sélective (focalisation sur un détail sorti de son contexte alors que le reste est ignoré),
      • Personnalisation (s'attribue indûment la cause d'événement extérieur) et culpabilisation…
    • Facteurs sociaux :
      • Demande de reconnaissance excessive,
      • Demande d’invalidité…
Interrogatoire
  • Douleur chronique(> 3 mois) :
    • Localisation :
      • Articulaire et/ou tendineuse et/ou musculaire,
      • Prédominance axiale : épaules, région cervicale, interscapulaire, lombaire, péritrochantérienne (zones douloureuses),
    • Caractéristiques :
      • Rythme mécanique mais douleur parfois maximale au réveil avec impression de raideur persistant au cours la journée,
      • +/- Composante neuropathique possible
      • +/- Hyperalgésie voir allodynie,
    • Évolution :
      • Souvent localisée initialement (parfois hémicorporelle) puis s’étendant de façon diffuse “mal partout”,
      • Migratrice,
      • Persistante mais variant en intensité et dans le temps,
      • Aggravée par les efforts, le froid, l’humidité, les émotions, le maintien d'une posture et le manque de sommeil,
      • +/- Calmée temporairement par la chaleur,
    • Questionnaire QCD pouvant aider à caractériser la douleur et son retentissement,
  • Impression de gonflement articulaire (s’appuyer d’éventuelles photographies afin d’éliminer un authentique gonflement articulaire),
  • Symptomatologie associée (pouvant différer d’un patient à l’autre et être évolutive dans le temps) :
    • Asthénie voire syndrome de fatigue chronique :
      • Avec fatigabilité à l’effort,
      • Souvent très intense le matin,
      • Pouvant être très invalidante,
    • Trouble du sommeil :
      • Difficultés d’endormissement,
      • Réveils nocturnes,
      • Impression d'un sommeil superficiel, fragmenté et non réparateur,
    • Impression de spasmes (non objectivés) ou crampes musculaires possibles, parfois intolérance au froid ou au chaud,
    • Caractéristique neuropathique sans systématisation centrale ni périphérique :
      • Fourmillements,
      • Picotements,
      • Engourdissement,
      • Brûlures,
      • Décharges électriques,
    • Trouble à symptomatologie somatique touchant un autre organe (voir fiche) :
      • Digestif : syndrome de l’intestin irritable (voir fiche), nausées, sensation de brûlures épigastrique (voir fiche), de dysphagie,
      • Neurologique : sensation vertigineuse, céphalées, paresthésies distales des membres,
      • Cardio-pulmonaire : dyspnée, douleur thoracique,
      • ORL : troubles visuels (vision floue et trouble de l'accommodation) ou auditifs (hypersensibilité au bruit et acouphènes), syndrome sec non objectivé, algie et dysfonctionnement de l’appareil manducateur (ADAM),
      • Urologique : dysurie, pollakiurie, impériosité mictionnelle,
      • Génital : dyspareunie,
  • Autres éléments possibles :
    • Description des symptômes par le patient pouvant être très minutieuse,
    • Crainte de souffrir d’une maladie grave,
  • Co-morbidités psychologiques à rechercher systématiquement :
    • Symptômes anxieux ou dépressifs (échelle HAD),
    • Authentique trouble anxieux (voir fiche) : attaque de panique, trouble panique, trouble obsessionnel compulsif,
    • Trouble bipolaire,
    • Abus de substance.
Aide au diagnostic
  • Dépistage : Questionnaire FIRST (PDF) :
    • Un score d’au moins 5 items sur 6 permet de détecter une fibromyalgie avec une sensibilité de 84 à 92% et une spécificité de 55 à 87%
    • Utilisable en consultation ou en salle d’attente,
  • Critères diagnostiques (2016)
Retentissement
  • Déconditionnement physique,
  • Perturbations dans les activités de la vie quotidienne avec qualité de vie amoindrie,
  • Répercussions familiales,
  • Repli social et isolement,
  • Difficultés à se maintenir dans l’emploi.
Signes de sévérité
  • Importance et permanence de la fatigue,
  • Réveils fatigués,
  • Symptômes cognitifs (troubles de la concentration, de l’attention, de la mémoire).
Examen physique
  • Absence de gonflement articulaire,
  • Absence d’anomalie à l’examen neurologique.
Paraclinique
  • La réalisation d’un bilan biologique minimal peut être justifié à la recherche d'un diagnostic différentiel (ordonnance). Bilan non consensuel :
    • NFS,
    • CRP,
    • Créatinine,
    • TSH,
    • CPK
    • Calcium, phosphore, albumine,
    • ASAT, ALAT, GGT, PAL,
    • 25-OH-vitamine D,
    • Ferritine,
    • FAN,
    • +/- Cortisol à 8h en cas d'asthénie importante.
  • Aucun autre examen n’est nécessaire au diagnostic en l’absence de point d'appel à l’interrogatoire ou à l'examen clinique.
Diagnostic différentiel
  • Rhumatisme inflammatoire chronique,
  • Connectivite (syndrome de Sjogren notamment)
  • Trouble musculo-squelettique (tendinopathies…)
  • Ostéomalacie sur carence en vitamine D ou diabète phosphaté,
  • Dysthyroïdie,
  • Hyperparathyroïdie,
  • Myopathie,
  • Insuffisance surrénalienne,
  • Pathologie neurologique centrale ou périphérique,
  • Neuropathie des petites fibres,
  • Hépatite C,
  • Iatrogénie (anti-aromatase, statines...),
  • Autres syndromes douloureux chroniques (rachialgies chroniques, syndrome myofascial…),
  • Autres : syndrome d'Ehlers Danlos non vasculaire, maladie de Lyme active ou symptomatologie persistante au décours du traitement, syndrome d'activation mastocytaire...

 

Tableau 2 - Prise en charge
Prise en charge
Généralités
  • Une prise en charge optimale nécessite un diagnostic rapide,
  • Le traitement doit tenir compte des caractéristiques de la douleur, de la fonction et du contexte psychosocial,
  • L’approche doit être graduée, globale et individualisée,
  • Elle doit tenir compte de l’ensemble hétérogène des symptômes ainsi que des comorbidités,
  • Elle associe des mesures pharmacologiques et non pharmacologiques avec une stratégie d’auto-gestion,
  • Elle résulte d’une décision partagée avec le patient,
  • L'autoquestionnaire de la douleur chronique peut aider à mieux caractériser les différentes composantes de la douleur (PDF).
Annonce diagnostique
  • Confirmer la réalité de la maladie malgré la négativité des examens,
  • Expliquer la composante bio-psycho-sociale,
  • Préciser si besoin qu’il ne s’agit pas d’une maladie “mentale” mais qu’il existe souvent des difficultés psychosociales préalables pouvant être associées à un événement plus récent ayant pu "déclencher" la maladie,
  • Proposer une rencontre avec un psychologue et/ou un psychiatre en fonction de la symptomatologie associée,
  • Expliquer l’importance d’une prise en charge globale de la douleur et des facteurs d’entretien de la douleur.
Traitements non médicamenteux
  • Mesures centrales de la prise en charge initiale, à utiliser en 1ère intention,
  • Éducation (version imprimable),
  • Activité physique :
    • Progressive en durée et en intensité avec travail aérobique et renforcement musculaire (par exemple : marche nordique ou natation, mais toute activité physique peut être réalisée)
    • Si besoin dans le cadre d'une activité physique adaptée : voir fiche d'aide à la prescription,
    • Bénéfices :
      • Diminue les douleurs,
      • Améliore la qualité de vie et le moral,
      • Augmentent l'autonomie et l’endurance,
      • Lutte contre l’isolement,
      • Meilleure image de soi,
  • Rééducation avec réentrainement à l’effort adapté et individualisé en cas de déconditionnement à l’effort,
  • Thérapie cognitivo-comportementale,
  • Thérapie multimodale,
  • Thérapie méditative par le mouvement : qi gong, yoga, tai-chi,
  • Méditation en pleine conscience (Mindfulness-Based Stress Reduction ou MBSR),
  • Acupuncture (qualité des études controversée),
  • Traitement d'efficacité plus débattue: hypnose.
Traitements médicamenteux
  • Antidépresseurs :
    • Modalités de suivi et précautions d'emploi : voir fiche douleurs neuropathiques,
    • À préférer si symptomatologie dépressive,
    • À éviter si trouble bipolaire ou pathologie psychotique comorbide,
    • Risque de prise de poids,
    • Risque de syndrome de sevrage en cas d’arrêt brutal,
    • Pas de dépendance,
    • Amitriptyline (ordonnance:
      • ECG pré-thérapeutique,
      • Faible dose (jusqu’à 25 mg/jour) et posologies progressivement croissantes,
    • Inhibiteur de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSNa) :
      • Duloxétine (ordonnance) à posologies progressivement croissantes (jusqu’à 60-120 mg/jour),
      • Venlafaxine (ne figurant pas dans les recommandations EULAR 2016) : posologies progressivement croissantes (jusqu’à 150-225 mg/j),
      • Milnacipran (pas d’AMM en France pour la fibromyalgie ni pour les douleurs neuropathique),
  • Tramadol +/- paracétamol,
  • Anti-épileptique (gabapentinoïdes) :
    • Modalités de suivi et précautions d'emploi : voir fiche douleurs neuropathiques,
    • Risque de prise de poids,
    • Risque de syndrome de sevrage en cas d’arrêt brutal,
    • Risque de dépendance,
    • Gabapentine :
      • Considérée plus efficace que la prégabaline dans les douleurs neuropathiques mais ne figurant pas dans les recommandations EULAR 2016 (ordonnance),
      • Posologie progressive (jusqu’à 1200-1600 mg/j),
    • Prégabaline (recommandation faible dans le cadre de douleurs neuropathiques) :
      • 2ème intention,
      • Posologie progressivement croissante (jusqu’à 150-600 mg/j),
      • Ordonnance sécurisée,
  • Myorelaxant : cyclobenzaprine (non commercialisée en Tunisie),
  • Possibilité d’associer un antidépresseur avec un gabapentinoïde en 2ème intention.
Avis en centre spécialisé douleur
  • Formulaire d'adressage 
  • Indications :
    • Douleur rebelle et/ou retentissement majeur malgré de premières mesures bien conduites en ambulatoire,
    • Nécessité de recours à des modalités de prise en charge non disponibles en ambulatoire (prise en charge intégrative),
    • Conduite addictive associée,
    • Sevrage difficile,
    • Mauvaise tolérance médicamenteuse,
    • Situations sociales complexes (arrêt de travail prolongé, litiges professionnels, judiciaires et/ou assurantiels en cours),
    • Patient vulnérable,
    • Ressources insuffisantes en médecine de premier ou en deuxième recours,
  • Prise en charge réalisable en centre spécialisé :
    • Introduction d'un antalgique de palier 3,
    • Perfusion de kétamine, d'amitriptyline, de clomipramine,
    • rTMS (stimulation magnétique trans-crânienne).
SuiviQuestionnaire concis de la douleur (PDF).

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