Diagnostic |
---|
Généralités |
- Le syndrome fibromyalgique (ou “fibromyalgie”) est une pathologie chronique dont l’hypothèse physiopathologique principale est une origine dysfonctionnelle avec phénomène de sensibilisation centrale à la douleur,
- Il répond au modèle bio-psycho-social et peut s’intégrer dans un trouble à symptomatologie somatique (ex-”trouble somatoforme”, voir fiche).
- Maladie fréquente (presque 2% de la population), dont le diagnostic peut être réalisé par le médecin généraliste ou un médecin spécialiste,
- Le diagnostic ne se limite pas aux points fibromyalgiques décrits historiquement (actuellement remplacés par les zones douloureuses),
- La fibromyalgie n’est plus considérée comme un diagnostic d’élimination et il faut limiter les examens complémentaires en l’absence de signe objectif clinique et de systématisation neurologique,
- La plupart des fibromyalgies ne relèvent pas d’une prise en charge en centre d’évaluation et de traitement de la douleur.
|
Clinique |
Terrain | - Prédominance féminine (8-9 personnes pour 10),
- Âge moyen (souvent entre 30 et 55 ans),
- Association possible à un rhumatisme inflammatoire chronique (notamment spondyloarthrite) ou une connectivite,
- Facteurs prédisposants et d’entretien :
- Faible flexibilité émotionnelle, comportementale et cognitive,
- Traumatisme physique ou psychique :
- Antécédent de traumatisme physique ou psychique dans l’enfance (retrouvé dans environ ⅓ des cas),
- Traumatisme ou stress émotionnel récent,
- +/- État de stress post-traumatique,
- Antécédent familial de fibromyalgie,
- Trouble bipolaire,
- Abus de substance,
- Facteurs émotionnels et affectifs à rechercher systématiquement :
- Alexithymie (difficultés à ressentir des émotions et à les exprimer),
- Symptômes anxieux ou dépressifs (échelle HAD),
- Authentique trouble anxieux (voir fiche) : attaque de panique, trouble panique, trouble obsessionnel compulsif,
- Facteurs comportementaux :
- Algophobie, kinésiophobie,
- Coping passif (ou évitement),
- Hyperactivité voire ergomanie (workaholisme),
- Réponse réactionnelle sans stratégie d’anticipation (comportement impulsif),
- Réactions de stress,
- Facteurs cognitifs :
- Fausses croyances et inférence arbitraire (conclusions hâtives et négatives sans preuve),
- Catastrophisme,
- Abstraction sélective (focalisation sur un détail sorti de son contexte alors que le reste est ignoré),
- Personnalisation (s'attribue indûment la cause d'événement extérieur) et culpabilisation…
- Facteurs sociaux :
- Demande de reconnaissance excessive,
- Demande d’invalidité…
|
Interrogatoire | - Douleur chronique(> 3 mois) :
- Localisation :
- Articulaire et/ou tendineuse et/ou musculaire,
- Prédominance axiale : épaules, région cervicale, interscapulaire, lombaire, péritrochantérienne (zones douloureuses),
- Caractéristiques :
- Rythme mécanique mais douleur parfois maximale au réveil avec impression de raideur persistant au cours la journée,
- +/- Composante neuropathique possible
- +/- Hyperalgésie voir allodynie,
- Évolution :
- Souvent localisée initialement (parfois hémicorporelle) puis s’étendant de façon diffuse “mal partout”,
- Migratrice,
- Persistante mais variant en intensité et dans le temps,
- Aggravée par les efforts, le froid, l’humidité, les émotions, le maintien d'une posture et le manque de sommeil,
- +/- Calmée temporairement par la chaleur,
- Questionnaire QCD pouvant aider à caractériser la douleur et son retentissement,
- Impression de gonflement articulaire (s’appuyer d’éventuelles photographies afin d’éliminer un authentique gonflement articulaire),
- Symptomatologie associée (pouvant différer d’un patient à l’autre et être évolutive dans le temps) :
- Asthénie voire syndrome de fatigue chronique :
- Avec fatigabilité à l’effort,
- Souvent très intense le matin,
- Pouvant être très invalidante,
- Trouble du sommeil :
- Difficultés d’endormissement,
- Réveils nocturnes,
- Impression d'un sommeil superficiel, fragmenté et non réparateur,
- Impression de spasmes (non objectivés) ou crampes musculaires possibles, parfois intolérance au froid ou au chaud,
- Caractéristique neuropathique sans systématisation centrale ni périphérique :
- Fourmillements,
- Picotements,
- Engourdissement,
- Brûlures,
- Décharges électriques,
- Trouble à symptomatologie somatique touchant un autre organe (voir fiche) :
- Digestif : syndrome de l’intestin irritable (voir fiche), nausées, sensation de brûlures épigastrique (voir fiche), de dysphagie,
- Neurologique : sensation vertigineuse, céphalées, paresthésies distales des membres,
- Cardio-pulmonaire : dyspnée, douleur thoracique,
- ORL : troubles visuels (vision floue et trouble de l'accommodation) ou auditifs (hypersensibilité au bruit et acouphènes), syndrome sec non objectivé, algie et dysfonctionnement de l’appareil manducateur (ADAM),
- Urologique : dysurie, pollakiurie, impériosité mictionnelle,
- Génital : dyspareunie,
- Autres éléments possibles :
- Description des symptômes par le patient pouvant être très minutieuse,
- Crainte de souffrir d’une maladie grave,
- Co-morbidités psychologiques à rechercher systématiquement :
- Symptômes anxieux ou dépressifs (échelle HAD),
- Authentique trouble anxieux (voir fiche) : attaque de panique, trouble panique, trouble obsessionnel compulsif,
- Trouble bipolaire,
- Abus de substance.
|
Aide au diagnostic | - Dépistage : Questionnaire FIRST (PDF) :
- Un score d’au moins 5 items sur 6 permet de détecter une fibromyalgie avec une sensibilité de 84 à 92% et une spécificité de 55 à 87%
- Utilisable en consultation ou en salle d’attente,
- Critères diagnostiques (2016)
|
Retentissement | - Déconditionnement physique,
- Perturbations dans les activités de la vie quotidienne avec qualité de vie amoindrie,
- Répercussions familiales,
- Repli social et isolement,
- Difficultés à se maintenir dans l’emploi.
|
Signes de sévérité | - Importance et permanence de la fatigue,
- Réveils fatigués,
- Symptômes cognitifs (troubles de la concentration, de l’attention, de la mémoire).
|
Examen physique | - Absence de gonflement articulaire,
- Absence d’anomalie à l’examen neurologique.
|
Paraclinique |
- La réalisation d’un bilan biologique minimal peut être justifié à la recherche d'un diagnostic différentiel (ordonnance). Bilan non consensuel :
- NFS,
- CRP,
- Créatinine,
- TSH,
- CPK
- Calcium, phosphore, albumine,
- ASAT, ALAT, GGT, PAL,
- 25-OH-vitamine D,
- Ferritine,
- FAN,
- +/- Cortisol à 8h en cas d'asthénie importante.
- Aucun autre examen n’est nécessaire au diagnostic en l’absence de point d'appel à l’interrogatoire ou à l'examen clinique.
|
Diagnostic différentiel |
- Rhumatisme inflammatoire chronique,
- Connectivite (syndrome de Sjogren notamment)
- Trouble musculo-squelettique (tendinopathies…)
- Ostéomalacie sur carence en vitamine D ou diabète phosphaté,
- Dysthyroïdie,
- Hyperparathyroïdie,
- Myopathie,
- Insuffisance surrénalienne,
- Pathologie neurologique centrale ou périphérique,
- Neuropathie des petites fibres,
- Hépatite C,
- Iatrogénie (anti-aromatase, statines...),
- Autres syndromes douloureux chroniques (rachialgies chroniques, syndrome myofascial…),
- Autres : syndrome d'Ehlers Danlos non vasculaire, maladie de Lyme active ou symptomatologie persistante au décours du traitement, syndrome d'activation mastocytaire...
|