Démarche diagnostique |
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Clinque |
Diagnostic positif d'une première crise d'épilepsie |
Arguments en faveur d'une origine épileptique aux symptômes | - Aucun signe n'est pathognomonique d'une crise d'épilepsie,
- Signes fortement évocateurs :
- Morsure latérale de la langue,
- Confusion post-critique,
- Sensation de déjà-vu ou de déjà-vécu avant l'épisode,
- Posture inhabituelle (dont hypertonie),
- Autres arguments en faveur du diagnostic :
- Terrain :
- ATCD familiaux d'épilepsie,
- ATCD de crise fébrile,
- ATCD neurologiques :
- Pathologie neuro-dégénérative,
- AVC, infection du SNC, intervention neuro-chirurgicale,
- ATCD de TC grave, notamment avec : hématome sous dural, ou fracture, ou perte de connaissance, ou amnésie > 24 heures, ou survenu à un âge > 65 ans,
- Circonstances de survenue :
- Survenue de l'épisode en lien avec le sommeil : pendant le sommeil, au réveil, ou dans un contexte de dette de sommeil,
- Sevrage de médicament ou de benzodiazépine, à rechercher systématiquement,
- Prise récente de médicaments abaissant le seuil épileptogène, chez des patients présentant une épilepsie active ou des antécédents d’épilepsie, à rechercher systématiquement,
- Contexte de stimulation lumineuse répétitive (par exemple stroboscope), jeux vidéo, détente devant la télévision,
- Déroulement de la crise :
- Prodromes : sensation de déjà-vu, de déjà-vécu, hallucinations, douleurs épigastriques,
- Mouvements tonico-cloniques débutant avec la perte de connaissance,
- Mâchonnement parfois prolongé,
- Posture inhabituelle (dont hypertonie),
- Confusion post-critique.
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Arguments en faveur d'une crise non épileptique psychogène | - ATCD psychiatrique,
- Contexte de stress,
- Mouvements de tête de gauche à droite (dénégation),
- Fermeture des yeux durant toute la crise et/ou résistance à l'ouverture des yeux,
- Mouvement de balancement du bassin,
- Pleurs,
- Bégaiements,
- Activité motrice asynchrone, s'arrêtant puis reprenant,
- Conscience préservée au cours d'une activité motrice bilatérale.
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Arguments en faveur d'une syncope | Voir fiche. |
État de mal épileptique (définition opérationnelle) | - EME tonico-clonique généralisé (EMETCG) :
- Crise généralisée tonico-clonique (CTCG) dont les manifestations motrices durent > 5 minutes, ou
- ≥ 2 CTCG qui se répètent à des intervalles brefs sans reprise de conscience intercritique (définie par l'absence de réponse à des ordres simples),
- EME focal :
- Avec troubles de la conscience :
- Crise focale avec troubles de la conscience qui se prolonge ≥ 10 minutes, ou
- ≥ 2 crises focales avec troubles de la conscience qui se répètent à des intervalles brefs sans reprise de conscience intercritique (définie par l'absence de réponse à des ordres simples),
- Sans trouble de la conscience : crise focale qui dure ≥ 10-15 minutes,
- EME myoclonique :
- Crise myoclonique qui dure ≥ 10-15 minutes,
- Les myoclonies des encéphalopathies toxiques ou métaboliques ne doivent pas être considérés comme des EME myocloniques,
- Les myoclonies des encéphalopathies anoxiques ne sont que rarement des EME,
- EMETCG réfractaire = EME qui se prolonge malgré 2 lignes thérapeutiques différentes et bien conduites de médicaments antiépileptiques recommandés (la persistance isolée d'un coma ou de crises avec reprise de conscience ne suffit pas à poser le diagnostic).
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Crises épileptiques symptomatiques aiguës (provoquées) |
Définition | Crise survenant en relation temporelle étroite avec une atteinte du système nerveux central due à une pathologie métabolique, toxique, structurale, infectieuse ou inflammatoire. |
Agression cérébrale aiguë | - Agressions :
- AVC,
- Hémorragie sous archnoïdienne,
- Traumatisme crânien,
- Intervention neurochirurgicale intracrânienne,
- Anoxie cérébrale,
- Infection du SNC,
- La crise d'épilepsie peut être considérée comme symptomatique de l'agression si elle survient dans la semaine qui la suit (délai plus long en cas d'hématome sous dural, de maladie infectieuse évolutive, ou de saignement non tari en cas de malformation artério-veineuse).
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Anomalies biologiques | - Valeurs seuils à considérer pour l'imputabilité de l'anomalie dans la survenue de la crise (valeurs indicatives reposant sur un faible niveau de preuve) :
- Glycémie < 2,0 mmol/L ou> 25 mmol/L,
- Sodium < 115 mmol/L,
- Calcium < 1,2 mmol/L,
- Magnésium < 0,3 mmol/L,
- Urée > 35,7 mmol/L,
- Créatinine > 884 µmol/L.
- La crise d'épilepsie peut être considérée comme symptomatique de l'anomalie si elle survient au plus tard dans les 24 heures qui suivent sa constation.
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Toxiques ou iatrogène | - Rechercher systématiquement :
- Le retrait récent de certains traitements comme les benzodiazépines ou les barbituriques,
- L'introduction récente d'un médicament abaissant le seuil épileptogène,
- Alcool :
- Crises considérées comme symptomatique d'un sevrage si toutes les conditions suivantes sont remplies :
- Survenue dans les 7h à 48h suivant la dernière prise d'alcool,
- Abus chronique d'alcool avéré,
- Consommation régulière associée à une tentative récente de diminution,
- Crise généralisée tonico-clonique,
- Présence de signes compatibles avec un sevrage alcoolique : tachychardie, sueurs, tremblements...
- Un dosage de l'alcoolémie peut se discuter en cas de tableau atypique.
- Drogues :
- Probabilité forte que la crise soit symptomatique en contexte de prise de : cocaïnes ou crack, normépéridine, mépéridine, méthaqualone, glutarimide, stimulants (MDMA par exemple), drogues inhalées,
- Probabilité moyenne que la crise soit symptomatique en contexte de prise d'hallucinogènes ou de poussière d'ange (PCP),
- Probabilité faible que la crise soit symptomatique en contexte de prise d'héroïne ou de marijuana.
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Urgences hypertensives | Voir fiche. |
Autres | - Pathologies auto-immunes :
- Encéphalites auto-immunes à anticorps anti-NMDA-R, anti-VGKC complex, anti-GAD65,
- Steroid-Responsive Encephalopathy Associated with Autoimmune Thyroiditis (anticorps anti-TPO +/-anti-TG positifs),
- Neuro-lupus,
- Sclérose en plaques,
- Syndromes paranéoplasiques,
- Porphyrie,
- Maladie cœliaque,
- Mitochondriopathies,
- Intoxication aux métaux lourds,
- Maladies lysosomiales,
- Autres maladies métaboliques rares.
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Paraclinique |
ECG | Systématique |
Biologie | - Bilan :
- Glycémie capillaire dès que possible,
- Bilan systématique en cas de 1èrecrise non provoquée (ordonnance) :
- Ionogramme sanguin,
- Calcium, magnésium,
- Urée, créatinine,
- CRP,
- β-HCG chez la femme en âge de procréer,
- Autres :
- Dosage des traitements anti-épileptiques : en cas de crise chez un patient épileptique traité,
- Hémocultures : en cas de fièvre,
- Recherche de toxiques : en cas de circonstance médico-légale ou de doute sur l'existence de l'intoxication,
- CPK : en cas de doute entre une crise d'épilepsie (CPK élevés en faveur du diagnostic) et une syncope convulsivante. Dosage à effectuer dans les 4h suivant la crise,
- Frottis goutte épaisse : en cas de retour de zone d'endémie palustre,
- État de mal réfractaire évoluant depuis plus de 48h sans étiologie retrouvée : voir tableau 3.
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Imagerie cérébrale | - Indications à effectuer une imagerie aux urgences :
- Déficit focal,
- Début focal rapporté par les témoins,
- Confusion persistante,
- Céphalée persistante,
- Fièvre,
- Contexte de traumatisme crânien,
- Antécédent de cancer,
- Traitement anticoagulant ou présence de troubles de l'hémostase,
- Immunosuppression,
- Âge >40 ans,
- Suivi neurologique ultérieur incertain,
- Modalités :
- TDM (sans et avec injection de produit de contraste + séquences veineuses) ou IRM en fonction des disponibilités locales en urgence et de la pathologie sous-jacente envisagée,
- À effectuer après contrôle des convulsions en cas d'état de mal épileptique,
- En l'absence d'indication à effectuer l'imagerie aux urgences ou si une TDM a été réalisée, prévoir la réalisation d'une IRM dans les 2 semaines suivant l'épisode en cas de 1ère crise d'épilepsie non provoquée.
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EEG | - En urgence en cas :
- D'état de mal épileptique (voir ci-avant). À renouveler en cas de coma post-état de mal, ou
- De confusion persistant plus de 6 heures après la crise, ou
- De déficit post-critique,
- De recherche d'arguments pour une origine toxique (tracé évocateur),
- Dans les 24-48h idéalement (ou au plus tard dans les 4 semaines) en cas de 1ère crise non provoquée et sans indication à une réalisation urgente (ordonnance).
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Ponction lombaire | - En urgence en cas de suspicion de méningite ou de méningo-encéphalite et/ou d'immunodépression,
- En cas de suspicion de méningite ou de méningo-encéphalite, dans les rares cas où une imagerie cérébrale est indiquée avant la réalisation de la PL (voir fiche), le traitement anti-infectieux probabiliste doit être débuté immédiatement, sans attendre la réalisation de la PL.
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