Pancréatite aiguë - Prise en charge initiale

user
Patient
Adulte et Enfant
Adulte
Enfant
calendrier
Mise à jour
Juin
2024

Tableau 1 - Diagnostic
Diagnostic positif

Présence des 2 critères suivants :

  1. Douleur évocatrice :
    • Épigastrique à irradiation dorsale, transfixiante,
    • Très intense,
    • Limitant la respiration,
    • D'installation rapide, en quelques heures,
    • +/- Position antalgique en chien de fusil,
  2. Lipasémie supérieure à 3 fois à la norme supérieure :
    • Pic dans les 24-48 h suivant le début de la douleur (possiblement normale si prise en charge ≥ 48h après le début de la douleur),
    • Intérêt uniquement pour le diagnostic positif, pas d'intérêt comme élément de gravité ou de surveillance de la pancréatite aiguë.

+/- Signes associés : vomissements, météorisme (iléus réflexe), signes généraux

Paraclinique
Biologie et ECG
  • Biologie à l'admission (ordonnance), bilan non consensuel :
    • Lipasémie,
    • BHC,
    • Calcémie, albumine,
    • Triglycérides,
    • NFS,
    • Urée, créatinine,
    • Ionogramme sanguin,
    • Glycémie,
    • CRP,
    • β-HCG chez la femme en âge de procréer,
  • ECG.

À compléter en cas de point d'appel clinique, de signe de gravité ou de doute diagnostique.

Imagerie
À l'admission
  • Échographie abdominale (ordonnance) : recherche d'une dilatation de la voie biliaire principale ou d'une lithiase biliaire,
  • +/- Scanner abdomino-pelvien (ordonnance) en cas de doute diagnostique ou de suspicion de complication locale précoce (péritonite, perforation, hémorragie...). Moins performant que l'échographie pour éliminer une lithiase biliaire.
Entre 72h et 96h après le début de la douleur

Scanner abdomino-pelvien injecté (ordonnance) :

  • Évaluation de la sévérité (score CTSI),
  • Recherche de complications.
Sévérité
Stades de sévérité clinico-biologiques
(classification d'Atlanta)
  • Pancréatite aiguë non sévère : absence de défaillance d'organe,
  • Pancréatite aiguë modérément sévère :
    • Défaillance d'organe s'améliorant en moins de 48 heures, ou
    • Complication locale (nécrose, collection liquidienne, pseudokyste, hémorragie), ou
    • Aggravation d'une maladie préexistante,
  • Pancréatite aiguë sévère : défaillance d'organe persistant plus de 48 heures.
Stades de sévérité radiologiques

Score CTSI sur scanner réalisé 72h après le début des douleurs :

  • Score ≤ 3 : pancréatite aiguë peu sévère,
  • Score 3-6: pancréatite aiguë modérément sévère,
  • Score ≥ 7 : pancréatite aiguë sévère.
Syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS)
  • ≥ 2 des critères suivants :
    • Température < 36°C ou > 38°C,
    • Fréquence cardiaque > 90/min,
    • Fréquence respiratoire > 20/min ou PaCO2 < 32 mmHg ,
    • Leucocytose > 12 000/mm3, < 4 000/mm3 ou présence de formes immatures circulantes (> 10 % des cellules),
  • Sa présence à l'admission et surtout sa persistance à 48h prédit d'une évolution sévère,
  • La présence d'une fièvre ne signe pas la présence d'une infection bactérienne, l'antibiothérapie doit être réservée aux cas d'angiocholite avérée (voir fiche) ou d'infection bactérienne documentée. 
Autres
  • Aucun des nombreux scores (APACHE II, Ranson, Vlamey et d'Imrie, Glasgow, BISAP), n'est recommandé de manière consensuelle,
  • Une CRP > 150 mg/dL à l'admission et/ou à 48h est de mauvais pronostic mais l'intérêt de son dosage est discuté.
Principales étiologies
Alcool
  • Survient exclusivement dans un contexte de consommation chronique et excessive d'alcool :
    • > 5 ans de consommation, et
    •  > 50 g d'alcool par jour (voir > 10 g/j),
  • Rechercher une autre étiologie (ou une étiologie associée) en cas de pancréatite aiguë survenant sur un terrain de :
    • Consommation chronique récente et/ou peu importante,
    • Pancréatite chronique ancienne et asymptomatique depuis de nombreuses années, ou de pancréatite chronique devenant symptomatique tardivement (recherche de tumeur).
Lithiase biliaire
  • Facteurs de risque de lithiase biliaire : sexe féminin, surpoids et variation pondérale importante, âge > 50 ans, antécédents personnels ou familiaux de lithiase,
  • Perturbations du bilan hépatique (cytolyse, cholestase), parfois très importante,
  • Échographie abdominale : lithiase biliaire ou vésiculaire ou dilatation de la voie biliaire principale (peut être normale, notamment en cas de migration lithiasique, prévoir dans ce cas une écho-endoscopie).
Tumeur pancréatique
  • Réalisation systématique d'une IRM pancréatique et/ou d'une échœndoscopie à distance (1 mois) en l'absence d'étiologie identifiée,
  • La pancréatite aiguë peut précéder le diagnostic de cancer de 2 ans.
Autres
  • Hypertriglycéridémie (>11 mmoL/L = 10 g/L),
  • Médicaments (très nombreux médicaments impliqués),
  • Cannabis,
  • Génétique : antécédents familiaux, pancréatite dans l'enfance,
  • Auto-immune (maladie associée aux IgG4) : images évocatrices à l'IRM, élévation des IgG4 sériques, histologie,
  • Hypercalcémie > 3mmol/L,
  • Pancréas divisum,
  • Traumatisme,
  • Post-CPRE,
  • Obstruction de l'ampoule de Vater : ascaris, tumeur, diverticule,
  • Infections :
    • Virales : oreillons, coxsackievirus, échovirus, VHB, CMV, VZV, HSV, VIH, EBV,
    • Bactériennes : Mycoplasma, Legionella, Leptospira, Salmonella,
    • Champignons : Aspergillus,
    • Parasites : Toxoplasma, Cryptosporidium, Ascaris.
  • Ischémique :
    • Bas débit : contexte de choc, d'insuffisance cardiaque ou de chirurgie abdominale ou cardiaque,
    • Embole artériel,
    • Vascularite,
  • Idiopathique.

 

Tableau 2 - Prise en charge
Prise en charge
Mesures communes
HospitalisationSystématique
Critères d'admission en soins intensifs
  • Défaillance cardiovasculaire, respiratoire, rénale ou neurologique, CIVD,
  • Pancréatite aiguë considérée comme à risque de devenir grave (dont SIRS, voir ci-avant), en concertation avec le réanimateur.
Antalgiques
  • Selon l'intensité de la douleur. Nécessité fréquente de recours aux morphiniques (voir fiche),
  • Contre-indication des AINS et de l'aspirine.
Hydratation
  • Hypovolémie parfois majeure causée par la formation d'un 3ème secteur secondaire à l'inflammation systémique,
  • Quantité adaptée à l'état hémodynamique, à la volémie et aux éventuels troubles hydro-électrolytiques (le recours systématique au remplissage massif n'est plus recommandé),
  • Pas de recommandation quant au type de soluté à utiliser (niveau de preuve insuffisant), mais les recommandations américaines se positionnent contre l'utilisation d'hydroxyéthylamidon, et préfèrent le ringer lactate au serum salé isotonique.
Alimentation
  • Généralités :
    • Haut risque de dénutrition en cas de pancréatite aiguë sévère,
    • Effet antalgique du jeûne,
  • Pancréatite aiguë non sévère sans critère de mauvais pronostic (voir ci-avant) :
    • Reprendre l'alimentation orale dès qu'elle est tolérée par le patient (diminution de la douleur et des vomissements). Il n'est pas nécessaire d'attendre la normalisation de la lipase,
    • Privilégier initialement une alimentation molle et pauvre en graisse,
    • En cas de mauvaise tolérance de l'alimentation orale : alimentation entérale (délai d'introduction mal défini dans la pancréatite aiguë non sévère),
  • Pancréatite aiguë modérée ou sévère avec reprise précoce d'une alimentation orale impossible, mal tolérée ou insuffisante :
    • Alimentation entérale en 1ère intention :
      • Privilégier une alimentation par sonde naso-gastrique (SNG), une sonde naso-jéjunale peut-être proposée en cas d'intolérance à la SNG ou d'hypertension intra-abdominale,
      • Utilisation de mélanges polymérique standard (en cas de pancréatite sévère avec suspicion de malabsorption une nutrition par solutions semi-élémentaires peut se discuter),
      • Débuter l'alimentation entérale dans les 24-72 heures suivant l'admission (intérêt discuté),
    • Alimentation parentérale :
      • Indications :
        • Contre-indication à la nutrition entérale (hypertension intra-abdominale > 20 mmHg, occlusion),
        • En complément de l'alimentation entérale si les objectifs d'apports ne sont pas atteints en raison d'une intolérance (conserver une alimentation entérale, même en petites quantités),
      • Discuter une supplémentation par 0,20 g/kg/j de L-glutamine en cas d'alimentation parentérale exclusive.
Autres
  • Traitement étiologique à chaque fois que possible,
  • Chirurgie à la phase aiguë uniquement en cas de complication (perforation d'organe creux, hémorragie),
  • Arrêt du tabagisme (voir fiche),
  • Probiotiques non recommandés,
  • Antibiothérapie :
    • Uniquement en cas d'angiocholite (voir fiche), ou d'infection documentée ou fortement suspectée (dans l'attente des résultats des prélèvements),
    • Non indiquée en prévention de l'infection de coulée de nécrose,
    • Attention : un SIRS peut être responsable d'une fièvre, la présence d'une fièvre n'est donc pas synonyme d'infection.
Situations particulières
Pancréatite aiguë biliaire
  • Indication à la CPRE en urgence uniquement en cas d'angiocholite associée,
  • Cholécystectomie systématique :
    • Pancréatite non sévère : le plus vite possible, si possible avant la reprise de l'alimentation et au cours de la même hospitalisation,
    • Pancréatite sévère : souvent différée.
Pancréatite aiguë liée à l'alcool
  • Recherche et traitement de complications aiguës liées à la consommation d'alcool (voir fiche),
  • Intervention brève en cours d'hospitalisation (voir fiche).
Pancréatite aiguë liée à une hypetriglycéridémie
  • Jeûne 48 heures,
  • En cas de persistance de l'hypertriglycéridémie > 11 mmol/L (10g/L) après 48h de jeûne, discuter l'introduction d'une insulinothérapie,
  • Après la phase aiguë, bilan étiologique de l'hypertriglycéridémie et adaptation du régime.

rhumato
SOINS PALLIATIFS
Ordotype Plus Soins palliatifs

Accès limité

Cette fiche fait parti du module

 

Soins palliatifs.

Cette fiche fait parti du module

 

Rhumatologie.

Cette fiche fait parti des module

 

Soins palliatifs

 

et

 

Ordotype Plus.

Pour pouvoir y accéder vous devez vous abonner à ce module.
Pour pouvoir y accéder vous devez vous abonner à l'un de ces modules.

Déjà inscrit ? Se connecter

Module Urgences
Urgences
En savoir plus
S’abonner pour 10 /mois
5 sans le Module de Médecine Générale
S’abonner pour /mois
Offre réservée aux Résidents
icone MG

Accès limité

Cette fiche est reservée aux utilisateurs du module Médecine générale.

Déjà inscrit ? Se connecter

Sources et recommandations

Tout voir
Pour savoir quelle ordonnance utiliser, consultez les rappels cliniques.
Pancréatite aiguë - Biologie à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë - Échographie abdominale à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë avec doute diagnostic - Scanner abdomino-pelvien à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë - Scanner abdomino-pelvien à 72 heures
flechewaiting gif
Pour savoir quelle ordonnance utiliser, consultez les rappels cliniques.
Pancréatite aiguë - Biologie à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë - Échographie abdominale à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë avec doute diagnostic - Scanner abdomino-pelvien à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë - Scanner abdomino-pelvien à 72 heures
flechewaiting gif
Pour savoir quelle ordonnance utiliser, consultez les rappels cliniques.
Pancréatite aiguë - Biologie à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë - Échographie abdominale à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë avec doute diagnostic - Scanner abdomino-pelvien à l'admission
flechewaiting gif
Pancréatite aiguë - Scanner abdomino-pelvien à 72 heures
flechewaiting gif

 

Ordoguide ne se substitue ni à la décision ni à la responsabilité de prescription du professionnel de santé.